Méditation de frère Matthew

Suis-je capable d’accueillir cette présence de paix ?

Taizé

Bienvenue à vous tous, que vous soyez avec nous depuis le début de la semaine ou que vous veniez d’arriver pour le week-end de la Pentecôte. Nous sommes heureux de partager avec vous ces jours de prière, de vie communautaire et de réflexion.

Dans un instant, Abel (NL) et Christine (MY) vont me poser une question à laquelle je vais essayer de répondre, mais avant cela, je voudrais partager quelques réflexions sur la lecture de la Bible que nous avons entendue ce soir, tirée de l’Évangile selon Jean. Certains d’entre vous souhaiteront peut-être relire le texte sur l’application de Taizé.

Beaucoup d’entre nous connaissent l’histoire de la Pentecôte telle que racontée dans les Actes des Apôtres, mais Jean nous transmet une autre tradition sur la manière dont l’Esprit Saint est entré dans la vie des amis de Jésus. Il y a trois points de ce texte que je voudrais évoquer.

Premièrement, remarquez comment les disciples étaient enfermés dans leur pièce, effrayés par les autorités après la mort de Jésus. Deux d’entre eux étaient déjà allés au tombeau, l’un avait compris ce qui s’était passé et ils avaient peut-être déjà entendu Marie de Magdala leur dire qu’elle avait vu Jésus ressuscité. Mais leur traumatisme est tel que la peur les tient captifs.

Jésus ressuscité devient alors présent. Ses premiers mots sont : « La paix soit avec vous ». Il ne les réprimande pas parce qu’ils l’ont abandonné, il ne leur dit pas non plus qu’ils auraient dû tout comprendre ou être plus forts. Suis-je capable d’accueillir cette présence de paix au cœur de mes peurs ?

Deuxièmement, la joie gagne les amis de Jésus quand ils reconnaissent que c’est bien lui – pas un Jésus parfait et recréé après la mort, mais un Jésus qui porte encore ses blessures. La vie est revenue en lui, et ils comprennent que cette vie est plus forte que la mort. Ils comprennent que la souffrance et la mort n’auront jamais le dernier mot.

Même s’il est difficile de tout comprendre sur la résurrection, une simple confiance que l’amour et la vie ne peuvent être vaincus par ce qui cherche à détruire ne permet-elle pas à une joie de jaillir en nous ? Je pense à des amis de l’Ukraine qui, malgré la douleur de leur situation, s’accrochent à l’espérance de la foi, qui sont capables de chanter la résurrection du Christ, ce qui leur donne une joie inattendue et la capacité de persévérer.

Où voyons-nous des signes de joie autour de nous ? Comment nous donnent-ils du courage ?

Enfin, vous souvenez-vous comment Dieu a insufflé la vie à Adam au commencement de la Bible ? Ici, le Jésus ressuscité souffle l’Esprit Saint sur ses amis. Ils reçoivent sa vie, ils sont recréés.

Et il leur confie une mission : annoncer le pardon qui est au cœur de la résurrection. Mais remarquez que Jésus laisse un choix aux disciples : pardonner ou ne pas pardonner.

Le pardon est une question complexe. Il a parfois été mal utilisé – voire instrumentalisé – dans des contextes chrétiens pour faire taire les victimes. La vraie guérison exige la vérité. Mais le pardon, lorsqu’il est donné librement, est au cœur de la vie de résurrection.

Alors que nous célébrons la Pentecôte, accueillons la paix du Christ ressuscité, et que l’Esprit Saint nous mène à une vie nouvelle en lui!

Nous avons accueilli deux groupes de pèlerins venus de l’Ukraine ces derniers temps. L’un d’eux venait de l’Est du pays, où la guerre est particulièrement violente. Pourtant, ces jeunes étaient remplis de joie lorsqu’ils chantaient la Résurrection de Jésus.

En début de semaine, nous avons appris la mort d’un jeune Ukrainien de 19 ans, bien connu de nos frères, tué à Kramatorsk, une ville située sur le front. Une jeune Ukrainienne, actuellement engagée dans l’armée dans la même ville, nous a rendu visite cette semaine pendant sa permission.

Nous recevons aussi régulièrement des nouvelles d’un ami médecin espagnol qui travaille dans un hôpital à Khan Younes, dans la bande de Gaza. Il nous a envoyé des photos et des détails concernant principalement des enfants qu’il a dû opérer.

Que l’Esprit de paix souffle en cette Pentecôte, apportant courage et force à ceux qui vivent dans les zones de guerre, et inspirant des décisions audacieuses et créatives à ceux qui détiennent le pouvoir, pour des solutions justes et durables.

Continuez, s’il vous plaît, à prier pour la paix dans notre monde, comme nous l’avons fait hier soir, et à réfléchir à ce que vous pouvez faire pour soutenir ceux qui vivent dans des situations de détresse. N’oubliez pas le peuple d’Ukraine ni celui de la bande de Gaza !

Un dernier point : du 28 décembre au 1er janvier, nous espérons que vous pourrez nous rejoindre pour notre rencontre européenne annuelle de jeunes. Après Tallinn au début de cette année, la prochaine rencontre aura lieu à Paris et dans la région Île-de-France.

Nous avons été invités pour cette rencontre européenne par l’archevêque de Paris et les évêques de la province, ainsi que par des responsables protestants et orthodoxes. À Tallinn, en Estonie, lors de notre dernière rencontre européenne, l’archevêque nous a dit que la cathédrale Notre-Dame nous accueillerait tous, ses portes grandes ouvertes pour que nous puissions rencontrer le Christ qui nous y attend. Cette rencontre sera aussi un signe de notre désir de paix et de fraternité dans la famille humaine, oui, une espérance au-delà de toute espérance

Méditation

Publié le 30 juin 2025