Le Christ est ressuscité !

Quelle joie de vous accueillir pendant ce temps où nous fêtons ensemble la Résurrection de Jésus ! Vous êtes venus de la Roumanie, de la Lituanie, de la Suède, de la France et de différents parties de l’Allemagne nous rejoindre à Taizé pour une semaine de prière et de partage, une expérience de communion humaine qui est aussi une expérience d’Église, ce mystère de communion qui est le Corps du Christ.

Et cette semaine nous sommes marqués par la mort du Pape François. J’ai reçu tant de messages ces derniers jours qui rendent grâce pour sa vie, venant non seulement des catholiques, mais aussi des amis orthodoxes, protestants et anglicans. À cela j’ajoute aussi des amis musulmans. Cela aide à comprendre combien ce Pape a contribué pour ouvrir des chemins de communion entre chrétiens et aussi dans la famille humaine.

Je le vois encore au balcon de la basilique St-Pierre le soir de son élection, le 13 mars 2013, avec ses premières paroles : « Bonsoir, priez pour moi ». Et ce « priez pour moi », il l’a répété tant de fois à travers son ministère comme pour nous faire comprendre qu’il avait besoin du soutien de chacune et chacun de nous.

Depuis le tout début de son pontificat, ses appels à rejoindre les plus vulnérables, à accueillir les migrants et les réfugiés, à écouter le cri de la Terre et le cri des pauvres, nous ont beaucoup parlé à Taizé. Il a donné de la valeur à celles et ceux qui croyaient qu’ils n’en avaient pas. Et je sais combien son encyclique “Laudato Si”, où il a parlé de l’écologie d’une manière qui prenait tous les différents facteurs en compte, a interpellé beaucoup de personnes, de même que son attention au dialogue interreligieux qui lui a permis de tisser des amitiés au-delà des cercles chrétiens.

Et bien sûr, nous ne pouvons pas oublier son attention envers notre communauté à travers les contacts personnels avec mon prédécesseur frère Alois, qui a participé à plusieurs synodes - notamment le dernier Synode sur la Synodalité - en plus des audiences privées et aussi pendant la préparation de la veillée œcuménique Together, dont les images de la bénédiction finale donnée ensemble avec les responsables des différentes Églises ont marqués tellement de gens.

Lors de cette veillée, le Pape François avait dit les mots suivants : «  La vérité n'a pas besoin de cris violents pour atteindre le cœur des gens. Dieu n'aime pas les proclamations et les clameurs, le bavardage et le vacarme : Dieu préfère plutôt, comme il l'a fait avec Élie, parler dans le « murmure d’une brise légère » (1 R 19,12), dans un "fin silence sonore". Et alors, nous aussi, comme Abraham, comme Élie, comme Marie, nous avons besoin de nous libérer de tant de bruits pour entendre sa voix. Car ce n'est que dans notre silence que sa Parole résonne. »

À Taizé, je souhaite que vous découvriez ce silence dont le Pape a parlé. Un tel silence nous donne d’écouter ce qui est dans nos profondeurs, là où l’Esprit de Dieu habite, pour que l’on puisse devenir ce que nous sommes appelés à être en répondant au « Viens et suis-moi » qui est l’invitation de Jésus à chacune et chacun de nous.

Demeurez autant que possible dans ce silence cette semaine, que cela soit avant la prière dès votre entrée dans cette église, pendant la prière commune ou après quand le silence de nos cœurs s’approfondit à travers le chant. Gardez les paroles pour quand vous êtes en dehors de l’église. C’est un effort, mais c’est possible et vous verrez les fruits que vous allez recueillir !

Je partirai à Rome vendredi matin pour participer à l’Eucharistie d’action de grâce pour le Pape François. Est-ce que je pourrais vous demander de prier l'Esprit Saint dans les jours qui viennent, qu’i inspire ceux qui ont la responsabilité de choisir le nouvel évêque de Rome, pour qu'il soit au service de tout le Peuple de Dieu et de la famille humaine ?

Demain sera une grande journée de fête pour nous. Pendant la prière du soir, notre frère Yohan qui vient de l’Indonésie fera son engagement pour la vie comme frère de notre communauté. Pendant six ans, il s’est préparé a ce moment.

Lorsqu’il a reçu le vêtement de prière et qu’il a commencé cette préparation, notre frère Yohan a entendu la prière « Dans le silence de ton cœur, le Christ murmure, n’aie pas peur, je suis là ! » Tout au long de son cheminement, il a dû se rappeler de cette parole et faire confiance à cette présence du Christ ressuscité à ses côtés. Son engagement est enraciné dans cette fidélité du Christ, qui est là pour nous tous, qu’on le sache ou non.

Et pour nous les frères, quand frère Yohan répondra « Je le veux » aux questions que je lui poserai pendant la profession, nous le disons en quelque sorte avec lui pour que notre propre engagement se renouvelle.

Un dernier mot : nous avons parmi nous cette semaine des responsables du Forum Chrétien Mondial, une organisation qui œuvre pour l’unité de toutes celles et de tous ceux qui aiment le Christ. À partir du récit de chaque membre de son cheminement avec Jésus, l’Esprit Saint ouvre à une écoute qui permet de cheminer ensemble et de comprendre qu’une unité nous est déjà donnée à travers notre baptême. Merci d’être avec nous.

Vendredi je vous invite à venir tous à 20h déjà à l’église où comme chaque semaine, nous prierons en silence pour la paix dans notre monde. La semaine dernière la présence des jeunes de Bethléem nous a rappelé des souffrances en Cisjordanie, Gaza et en Israël actuellement, de même que des jeunes Ukrainiens nous demandaient de ne pas oublier leur pays dévasté par la guerre.

Et finalement : à la fin de l’année du 28 décembre au 1er janvier vous êtes tous attendus à Paris et en Île-de-France pour la rencontre européenne à l’invitation de l’archevêque de Paris et des évêques de la province ainsi que des responsables protestants et orthodoxes. Pour les jeunes Français parmi nous, le voyage sera court ! Cette rencontre sera aussi un signe de notre désir de paix et de fraternité dans la famille humaine, oui, d’espérer au-delà de toute espérance.